partie de bille à Bamako

"Qu'est ce qui se passe aujourd'hui ? On voit beaucoup l'Afrique à la télévision – le sida, les massacres, les guerres tribales, les misères…Mais, en fait, on ne voit pas l'Afrique. Elle est invisible.
Pourtant, il y existe une vie normale, bien différente de la vision apocalyptique que l'on s'en fait (…)
Pour moi, c'est aussi cela l'Afrique réelle. C'est comme cela que je la connais que je la sens."
Édouard Glissant.

Dar Salam, quartier populaire de Bamako, Mali.

Un pan de rue s'anime.
Les gestes sont précis, les parties brèves.
Les joueurs ne parlent presque pas, ils rentrent dans la danse et en sortent dans un va-et-vient de poussière.
Les regards s'accrochent au triangle tracé sur le sable, les corps s'arc-boutent, tentent des positions acrobatiques.
Les parties se succèdent, les passants s'arrêtent, les cliquetis des couturiers rythment les rondes, les plus petits commentent les coups.
Après plusieurs parties, un noyau dur de joueurs se détache, leur technique est éprouvée, les petites billes multicolores ne ratent pratiquement jamais la cible.
Elles passent de mains en mains.
La rue est calme, sur le côté des hommes écoutent la radio et boivent le thé, un groupe de femme rigole et mâche des bâtonnets d'écorces.

Fin d'après midi – quartier de Dar Salam, Bamako – une partie de bille se joue.